La présidentielle nous divise inutilement et parasite nos débats


Préparons l'après 7 mai plutôt que de s’écharper sur le vote par défaut ou l'abstention


Je publie ce billet de réaction face aux tension fortes présentes à gauche lors de l'entre-deux tours de cette élection présidentielle.

Non, nous ne voulons pas de Le Pen comme présidente.
Oui, nous aurions préféré un•e autre président•e que Macron, quand ce n'est pas pas de président du tout.
Certain•e•s d'entre nous voterons pour "le moins pire", pour "tout sauf le FN", dans l'optique d'être ensuite dans l'opposition d'un gouvernement moins fasciste que l'extrême-droite.
Certain•e•s d'entre nous s'abstiendrons ou voterons blanc dans l'objectif de manifester leur opposition au système pseudo-démocratique qu'est la Vème République et ses élections.
Les deux options sont valables, compréhensibles, justifiées, et nous savons tou•te•s que le résultat du second tour ne nous conviendra pas, quel qu'il soit.

Les injonctions, qu'elles soient au vote ou à l'abstention, qui ont multiplié ces derniers jours me mettent franchement mal à l'aise. Elles nous divisent alors que nous sommes d'accord sur un point : idéalement, nous ne voulons ni de Le Pen, ni de Macron.
Le débat entre vote Macron par défaut et abstention nous divise inutilement.
J'aimerais donc appeler tout le monde à arrêter ces injonctions, au vote comme au non-vote, et à plutôt préparer la suite de nos luttes, qui seront nécessaires, peu importe qui remportera l'élection.

Malgré tous les désaccords que j'ai avec Mélenchon (sur son patriotisme, son paternalisme, plusieurs points de son programme), j'ai apprécié qu'il n'ait pas donné de consignes de vote, afin de ne pas participer à la division qui a lieu en ce moment, dans la continuité de son encouragement à ce que chacun•e agisse par ellui-même.
"La France Insoumise", bien que le nom de ce mouvement me fasse toujours grincer des dents, a su montrer qu'elle pouvait s'engager fortement derrière des idées, derrière une volonté de bousculer les choses, qui (je l'espère) ne se limitait pas au soutien du leader qui l'incarnait.

Le second tour de cette élection nous laisse face à des résultats qui ne nous conviendront pas. Débattre de ce qu'il y a de mieux à faire ne nous mène nulle part.
La période électorale ne devrait pas être celle qui motive le plus notre engagement. L'hyper-personnalisation et la professionnalisation de la politique ont causé la création d'une arène dans laquelle les candidat s'affrontent. Laissons-les dans cette arène, reconstruisons à partir du bas, notre salut ne viendra pas d'en haut.
J'ai hâte que cette élection soit terminée pour que nous revenons à des débats de fond qui ont été occultés par les affaires de chacun•e, les concours d'égos et les affrontements entre supporters des candidat•e•s.

Personne parmi nous n'est responsable de la montée du FN. Sa dédiabolisation médiatique, la banalisation de ses idées (reprises par les autres partis) et le libéralisme ambiant le sont.
Les arguments pro-vote et pro-abstention sont aussi valables les uns que les autres. Discuter des conséquences possibles de ce que nous ferons ou ne ferons pas le 7 mai peut se faire mais sans tomber dans les injonctions ou les insultes injustifiées. Chaque camp est convaincu d'avoir raison, le débat est stérile et la virulence des échanges rajoutent à la confusion de celleux encore indécis•es.

Arrêtons de nous diviser sur cette présidentielle qui n'apporte plus rien d'intéressant et organisons la suite de nos luttes.


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